travailler en studio dans les années '70 - Berlin - Bowie - Visconti...
Posté : 19 nov. 2019, 14:33
Hello
petite réminiscence aux "temps anciens" (quand j'étais à Berlin dans les "seventies"...)
David Bowie a séjourné à Berlin dans les années '70 (de 76 à 79 pour être exacte; il avait un appart en Suisse et un autre à Berlin-Schöneberg) et a enregistré à Berlin trois albums (Low et Heroes et Lodger) dans le fameux Hansa-Studio (qui était littéralement collé au mur à l'époque dans le quartier de Kreuzberg)
Bowie aimait bien faire la fête à l'époque et on pouvait le croiser facilement dans certaines boites à Berlin et notamment au "Dschungel" (qui se trouvait d'abord au Winterfeldplatz jusqu'en '78 et plus tard dans la Nürnberger Straße....)
nous les djeuns et futures Rockstars (on s'y croyait déjà !), la tête pleine de rêves et pleine de Rock'n Roll (et pleine de certains produits illicites), y traînions souvent (car c'est là où ça bougeait, où on pouvait à coup sûr trouver nos potes musiciens et artistes et aussi : en dehors Bowie on pouvait y croiser plein d'autres oiseaux étranges comme Nick Cave, Edgar Froese, Iggy Pop, Romy Haag (qui avait aussi son propre club pas loin) et aussi Nina Hagen, parfois quelqu'un des Stones ou autres Rockeurs.. etc etc etc....
enfin, ce n'est pas ça le sujet ici.... je voulais parler de comment ça se passait à l'époque pour enregistrer un album (généralement en 8-pistes, ou 16 pistes). L'ingé-son attitré de Bowie était Tony Visconti, et par hasard, je viens de tomber sur une petite vidéo que Tony a fait pour parler du titre Heroes qu'il avait enregistré avec Bowie (et d'autres invités comme Brian Eno et Robert Fripp etc) au Hansa-Studio;
c'est assez éloquent et aussi très représentatif pour l'époque où on expérimentait tous les genre de sonorités étranges et où on "trouvait" les premiers instruments électroniques (les synthé analogique et numérique, les premiers fairlight etc etc) et les processeurs qui fabriquaient d'étranges sonorités (notamment les Eventides qui étaient le MUST-HAVE à l'époque; d'abord le Phaser, qui remplaçait le "flanging manuel" à base de magneto-à-bande qu'on freinait au doigt; mais surtout le pitch-shifter H910 qui explosait tout et qui faisait des "miracles" !!)
ça fera sans doute rire les djeuns aujourd'hui qui ne connaissent que la MAO de nos jours avec les possibilités créatives à l'infini en ce qui concerne sonorités et traitement etc, mais à l'époque il n'y avait (presque) rien de tel !! il fallait être inventif, et ce que faisait Robert Fripp avec une guitare et deux magneto à bande était absolument incroyable; mais il y avait aussi quelques machines analogiques (comme le fabuleux et tant aimé "EMS Synthi A" et biensûr le Mini-Moog, et même en fin '70 le début des premières machines numériques.... (écoutez les sonorité de cuivres ou de strings électronique de l'époque sur cette vidéo de Visconti; ça en fera rire plus d'un tellement le son est niais; mais c'était terriblement efficace dans le mix et dans le contexte)
notez aussi que les reverbes de l'époque étaient généralement "naturelles" (c-à-d dues aux lieux ! ce qui est vrai notamment pour l'album Heroes !
(et je me rappelle que nous, les apprentis verts, on mettait l'ampli guitare (ou le saxophoniste) en bas d'une cage d'escalier et on enregistrait la reverbe un étage au dessus)
biensûr, nous les djeuns de l'époque, on n'avait pas vraiment accès aux nouveautés technologiques (ultracher à l'époque) et tout le monde rêvait de posséder une de ces merveilles d'Eventide (absolument inaccessibles pour nous !!) mais ce qui nous empêchait pas de bricoler les sons dans tous les sens; un copain avait un mini-moog, un autre un enregistreur 4 pistes; moi, j'avais deux magnétophones à bande et un Echoplex (ma grande fierté) et une reverbe à lampe de chez Fender, quelques pédales pour gratte, quelques micros et surtout une console de mixage (le luxe absolu à l'époque !) qui permettaient déjà tout un tas d'expérimentations etc etc etc
(d’ailleurs avant de m’acheter mon premier ampli de guitar je jouais pendant quelques années sur un vieux magnéto à lampe où je mettais simplement tout à fond et le son était vraiment très “hendrixien” - sans blague !)
dans les années '80 les choses se sont considérablement accélérés (Eventide, encore eux, ont sorti le fameux et fabuleux H3000 vers la mid-80) et très vite le monde digitale à ensuite tout "révolutionné" - autant pour les effets divers, les delays et les reverbes, les modulations, qu'au niveau des enregistrements (le premier lecteur-cd est sortie en 1982 !); et ensuite le mixage numérique proprement dit... etc etc etc .....
enfin regardez cette petite vidéo sympathique :
https://youtu.be/sEJBahUugVM
et encore une petite vidéo sur le H910 (un des effets studio des plus utilisé et des plus appréciés à l'époque !!!)
https://youtu.be/977Sri5EcCE
en 1976 sortaient aussi les premiers synthétiseurs assisté par ordinateur, le Quasar d'abord (équipé déjà de DSP Motorola) et puis le fabuleux Fairlights CMI en '79 (le premier véritable échantillonneur numérique, qui, à lui tout seul a ouvert une galaxie entière de créativité et de possibilités...!!!)
https://youtu.be/iOlPCpSmhRM
sinon, pour les curieux des seventies (à Berlin), voici quelques infos en plus
petite histoire du Dschungel (en allemand)
quelques Photos prises au Dschungel notez : du fait qu'il y a avait souvent des "gens connus", il était strictement interdit d'y prendre de photos ou y apporter un appareil photo ! il y avait seul le photographe de la maison qui était autorisé de prendre des clichés... (et parfois certains photographes et/ou journalistes lors de grandes fêtes organisé justement pour et par certains stars (le trentième anniversaire de Bowie notamment !!)
notez aussi que (presque) toutes ces photos montrent le "nouveau Dschungel" dans la Nürnberger Straße ( fermé en '93); beaucoup beaucoup plus classe que l'ancien Dschungel qui était bien plus "Underground-Jungle"....
un article sur Bowie... (en français)
le Ur-Dschungel a déménagé en '78 vers la Nürnbergerstraße pour devenir le nouveau Dschungel très "hype" et très "chic" !
le Ur-Dschungel du Winterfeldplatz (qui devenait ensuite le Slumberland, restant fidèle à l'ancien mode de fonctionnement assez "underground") avait aussi un voisin, juste en face de la grande place; un autre bar mythique qui s'appelait "Ruine"
un bar qui se trouvait dans une ruine bombardé et resté tel quel depuis la fin de la guerre (incroyable, mais vraie et ça restait comme ça jusqu'à '86 !!); c'était un lieu de rencontre "???" assez vivant et "comment dire?" (Rdv d'artistes, peintres et musiciens; alcolos, toxicos et gangster, il faut le dire..., et aussi lieu insolite d'expositions de peintures) qui en plus était déclaré "nomans-land législatif" (=> "gesetzesfreie Zone") par la police qui n'y allait JAMAIS !!- sauf peut-être les taupes du BND ?... (mais on pouvait réellement y faire et consommer tout ce qu'on voulait....); pas étonnant que ce "hotspot" était toujours plein à craquer...
ajoutez à cela qu'à Berlin de l'époque il n'y avait pas de loi sur la fermeture des établissement; un bar pouvait rester ouvert tant qu'il voulait (même 24/24 pour certains...); ce qui faisait que ces bars-là ne fermaient que quand les dernières épaves vidaient le lieux, c-à-d après le lever du soleil (et habituellement vers 8H ou 9H du matin....)
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puis en début '80, s'ajoutaient d'autres Hotspots comme le "SO 36“, le „Risiko“ ou le „Kumpelnest“ ...
Berlin entre Punk, Underground, Avant-Garde, Musique Électronique et Neue Deutsche Welle
25 ans plus tard le David a sortie cette chansons nostalgique sur le Berlin des fin-seventies...
https://youtu.be/QWtsV50_-p4
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et pour clore ce petit voyage dans la nostalgie; voici un petit reportage qui résume bien ce qu'était la musique électronique dans les années '50, '60 et surtout '70... très instructif et intéressant !!
https://youtu.be/8KkW8Ul7Q1I
petite réminiscence aux "temps anciens" (quand j'étais à Berlin dans les "seventies"...)
David Bowie a séjourné à Berlin dans les années '70 (de 76 à 79 pour être exacte; il avait un appart en Suisse et un autre à Berlin-Schöneberg) et a enregistré à Berlin trois albums (Low et Heroes et Lodger) dans le fameux Hansa-Studio (qui était littéralement collé au mur à l'époque dans le quartier de Kreuzberg)
Bowie aimait bien faire la fête à l'époque et on pouvait le croiser facilement dans certaines boites à Berlin et notamment au "Dschungel" (qui se trouvait d'abord au Winterfeldplatz jusqu'en '78 et plus tard dans la Nürnberger Straße....)
nous les djeuns et futures Rockstars (on s'y croyait déjà !), la tête pleine de rêves et pleine de Rock'n Roll (et pleine de certains produits illicites), y traînions souvent (car c'est là où ça bougeait, où on pouvait à coup sûr trouver nos potes musiciens et artistes et aussi : en dehors Bowie on pouvait y croiser plein d'autres oiseaux étranges comme Nick Cave, Edgar Froese, Iggy Pop, Romy Haag (qui avait aussi son propre club pas loin) et aussi Nina Hagen, parfois quelqu'un des Stones ou autres Rockeurs.. etc etc etc....
enfin, ce n'est pas ça le sujet ici.... je voulais parler de comment ça se passait à l'époque pour enregistrer un album (généralement en 8-pistes, ou 16 pistes). L'ingé-son attitré de Bowie était Tony Visconti, et par hasard, je viens de tomber sur une petite vidéo que Tony a fait pour parler du titre Heroes qu'il avait enregistré avec Bowie (et d'autres invités comme Brian Eno et Robert Fripp etc) au Hansa-Studio;
c'est assez éloquent et aussi très représentatif pour l'époque où on expérimentait tous les genre de sonorités étranges et où on "trouvait" les premiers instruments électroniques (les synthé analogique et numérique, les premiers fairlight etc etc) et les processeurs qui fabriquaient d'étranges sonorités (notamment les Eventides qui étaient le MUST-HAVE à l'époque; d'abord le Phaser, qui remplaçait le "flanging manuel" à base de magneto-à-bande qu'on freinait au doigt; mais surtout le pitch-shifter H910 qui explosait tout et qui faisait des "miracles" !!)
ça fera sans doute rire les djeuns aujourd'hui qui ne connaissent que la MAO de nos jours avec les possibilités créatives à l'infini en ce qui concerne sonorités et traitement etc, mais à l'époque il n'y avait (presque) rien de tel !! il fallait être inventif, et ce que faisait Robert Fripp avec une guitare et deux magneto à bande était absolument incroyable; mais il y avait aussi quelques machines analogiques (comme le fabuleux et tant aimé "EMS Synthi A" et biensûr le Mini-Moog, et même en fin '70 le début des premières machines numériques.... (écoutez les sonorité de cuivres ou de strings électronique de l'époque sur cette vidéo de Visconti; ça en fera rire plus d'un tellement le son est niais; mais c'était terriblement efficace dans le mix et dans le contexte)
notez aussi que les reverbes de l'époque étaient généralement "naturelles" (c-à-d dues aux lieux ! ce qui est vrai notamment pour l'album Heroes !
(et je me rappelle que nous, les apprentis verts, on mettait l'ampli guitare (ou le saxophoniste) en bas d'une cage d'escalier et on enregistrait la reverbe un étage au dessus)
biensûr, nous les djeuns de l'époque, on n'avait pas vraiment accès aux nouveautés technologiques (ultracher à l'époque) et tout le monde rêvait de posséder une de ces merveilles d'Eventide (absolument inaccessibles pour nous !!) mais ce qui nous empêchait pas de bricoler les sons dans tous les sens; un copain avait un mini-moog, un autre un enregistreur 4 pistes; moi, j'avais deux magnétophones à bande et un Echoplex (ma grande fierté) et une reverbe à lampe de chez Fender, quelques pédales pour gratte, quelques micros et surtout une console de mixage (le luxe absolu à l'époque !) qui permettaient déjà tout un tas d'expérimentations etc etc etc
(d’ailleurs avant de m’acheter mon premier ampli de guitar je jouais pendant quelques années sur un vieux magnéto à lampe où je mettais simplement tout à fond et le son était vraiment très “hendrixien” - sans blague !)
dans les années '80 les choses se sont considérablement accélérés (Eventide, encore eux, ont sorti le fameux et fabuleux H3000 vers la mid-80) et très vite le monde digitale à ensuite tout "révolutionné" - autant pour les effets divers, les delays et les reverbes, les modulations, qu'au niveau des enregistrements (le premier lecteur-cd est sortie en 1982 !); et ensuite le mixage numérique proprement dit... etc etc etc .....
enfin regardez cette petite vidéo sympathique :
https://youtu.be/sEJBahUugVM
et encore une petite vidéo sur le H910 (un des effets studio des plus utilisé et des plus appréciés à l'époque !!!)
https://youtu.be/977Sri5EcCE
en 1976 sortaient aussi les premiers synthétiseurs assisté par ordinateur, le Quasar d'abord (équipé déjà de DSP Motorola) et puis le fabuleux Fairlights CMI en '79 (le premier véritable échantillonneur numérique, qui, à lui tout seul a ouvert une galaxie entière de créativité et de possibilités...!!!)
https://youtu.be/iOlPCpSmhRM
sinon, pour les curieux des seventies (à Berlin), voici quelques infos en plus
petite histoire du Dschungel (en allemand)
quelques Photos prises au Dschungel notez : du fait qu'il y a avait souvent des "gens connus", il était strictement interdit d'y prendre de photos ou y apporter un appareil photo ! il y avait seul le photographe de la maison qui était autorisé de prendre des clichés... (et parfois certains photographes et/ou journalistes lors de grandes fêtes organisé justement pour et par certains stars (le trentième anniversaire de Bowie notamment !!)
notez aussi que (presque) toutes ces photos montrent le "nouveau Dschungel" dans la Nürnberger Straße ( fermé en '93); beaucoup beaucoup plus classe que l'ancien Dschungel qui était bien plus "Underground-Jungle"....
un article sur Bowie... (en français)
le Ur-Dschungel a déménagé en '78 vers la Nürnbergerstraße pour devenir le nouveau Dschungel très "hype" et très "chic" !
le Ur-Dschungel du Winterfeldplatz (qui devenait ensuite le Slumberland, restant fidèle à l'ancien mode de fonctionnement assez "underground") avait aussi un voisin, juste en face de la grande place; un autre bar mythique qui s'appelait "Ruine"
un bar qui se trouvait dans une ruine bombardé et resté tel quel depuis la fin de la guerre (incroyable, mais vraie et ça restait comme ça jusqu'à '86 !!); c'était un lieu de rencontre "???" assez vivant et "comment dire?" (Rdv d'artistes, peintres et musiciens; alcolos, toxicos et gangster, il faut le dire..., et aussi lieu insolite d'expositions de peintures) qui en plus était déclaré "nomans-land législatif" (=> "gesetzesfreie Zone") par la police qui n'y allait JAMAIS !!- sauf peut-être les taupes du BND ?... (mais on pouvait réellement y faire et consommer tout ce qu'on voulait....); pas étonnant que ce "hotspot" était toujours plein à craquer...
ajoutez à cela qu'à Berlin de l'époque il n'y avait pas de loi sur la fermeture des établissement; un bar pouvait rester ouvert tant qu'il voulait (même 24/24 pour certains...); ce qui faisait que ces bars-là ne fermaient que quand les dernières épaves vidaient le lieux, c-à-d après le lever du soleil (et habituellement vers 8H ou 9H du matin....)
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puis en début '80, s'ajoutaient d'autres Hotspots comme le "SO 36“, le „Risiko“ ou le „Kumpelnest“ ...
Berlin entre Punk, Underground, Avant-Garde, Musique Électronique et Neue Deutsche Welle
25 ans plus tard le David a sortie cette chansons nostalgique sur le Berlin des fin-seventies...
https://youtu.be/QWtsV50_-p4
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et pour clore ce petit voyage dans la nostalgie; voici un petit reportage qui résume bien ce qu'était la musique électronique dans les années '50, '60 et surtout '70... très instructif et intéressant !!
https://youtu.be/8KkW8Ul7Q1I